On dit que la colère est comme le vin, elle fait jaillir les pensées du cœur. Surchauffé par la passion de répondre à ses détracteurs qui ont ouvert les hostilités lors de la séance de vote de confiance au gouvernement, Saïed n’est pas resté en retrait de la ligne de feu. Au cours de la cérémonie d’investiture des nouveaux ministres du gouvernement Mechichi, le Chef de l’Etat a eu une explosion de franchise qui fera remuer la bile aux députés qui nous ont rebattu les oreilles avec des outrages qui font rire les cyniques et grincer les bonnes âmes. La riposte de Saïed, hier, était un terrible coup de semonce.
Plus de douze heures à vilipender le Président et ses conseillers. Plus de douze heures à émousser les débats de propos injurieux, blessants et offensants envers le Chef de l’Etat. Plus de douze heures à colporter des mensonges et à fouler aux pieds le prestige de l’Etat et à interpréter la Constitution à leur guise. Voilà en somme ce qu’on retient des interventions minutieusement orchestrées pour dépeindre le Président de la République sous les traits d’une personne méprisable et détestable qui a usurpé le pouvoir législatif à ses vrais dépositaires pour accaparer un pouvoir qui ne lui revient pas. Plus de douze heures de débats futiles où on a pointé un doigt accusateur vers Saïed comme étant la source de toutes les nuisances et l’origine du mal qui a plongé le pays dans les ronces inextricables d’une crise politique qui risque d’emporter dans son sillage les rêves en des lendemains meilleurs.
Mais ces députés qui se sont évertués à dépeindre Kaïs Saïed sous ce sombre portrait, puisant leur force précaire dans une alliance politique contre-nature, dont l’objectif est d’affaiblir Kaïs Saïed, se réveilleront aujourd’hui avec un mal de crâne généralisé après la réponse cinglante qui leur est parvenue hier du palais de Carthage pendant la cérémonie d’investiture de la nouvelle équipe gouvernementale.
En effet, c’est un homme plus ferme, plus déterminé à laver son honneur et à restaurer le prestige de la présidence qui s’est adressé hier à ses détracteurs sans se voiler la face, ni parler à mots voilés. Ses propos forts et percutants mais clairs comme de l’eau de roche, s’abattaient sur les frêles épaules de ses détracteurs avec un enchaînement fluide comme une foudre redoutable à des adversaires aux abois.
Faisant allusion aux députés et hommes politiques véreux et comploteurs qui passent les nuits à fomenter des stratagèmes odieux, le Chef de l’Etat a dit : « J’ai suivi les débats d’hier et j’ai écouté ceux qui ont dit vrai et ceux qui ont menti, affabulé et colporté des mensonges, et combien ils sont nombreux ceux qui calomnient de nos jours, mais il y a toujours des hommes honnêtes qui, si on leur donne confiance, ne trahiront jamais cette confiance.»
Saïed a par ailleurs dénoncé la basse démagogie populiste et les hommes politiques à gage qui visent à dresser l’opinion contre sa personne par des campagnes insidieuses l’accusant d’outrepasser ses prérogatives constitutionnelles en affirmant : «J’ai respecté la Constitution, j’ai fait le serment de la respecter, et je jure que je n’hésiterai pas un instant à honorer l’engagement que j’ai promis au peuple».
Et de préciser aux ministres qui ont prêté serment, qu’ils méritent le respect alors que « d’autres ne méritent pas ce respect mais le mépris et le dédain et je suis sûr que viendra le jour où la loi sera conforme à la volonté de la majorité dont certains ont voulu anéantir la détermination ».
Saïed a par ailleurs mis en garde ceux qui se croient au-dessus de la loi, assénant qu’il ne sera jamais tolérant avec ceux qui ont colporté les mensonges et ceux qui se sont improvisés en exégèses de la Constitution pour en interpréter à leur guise le texte et évoquer une nouvelle formation gouvernementale. « Celui qui croit qu’il est au-dessus de la loi délire et celui qui croit qu’il peut pervertir les consciences se trompe », a-t-il prévenu.
Il a à cet effet révélé qu’il a respecté les règles des consultations engagées avec les partis, soulignant que la Constitution n’a jamais stipulé que ces concertations doivent être orales, précisant à ce propos qu’il a préféré qu’elles soient écrites pour « servir de preuves contre ceux qui se sont spécialisés dans l’opprobre et la calomnie ».
Dans sa réponse à ceux qui ne cessent de s’interroger sur ce qu’a fait le Président, Saïed a indiqué qu’il a fait ce qu’il pouvait faire en conformité avec la Constitution et dans l’esprit de son engagement avec le peuple. Il a répliqué aux députés : « Mais qu’est-ce vous avez fait pendant les mois écoulés à part les concertations à l’ombre et dans des chambres noires ? ».
Mais Saïed est loin d’être un homme dépassé, mal informé ou isolé dans son somptueux palais de Carthage, coupé de la sombre réalité politique du pays. « Je suis au parfum des affaires que vous avez conclues et viendra le jour où j’étalerai tout ce qui s’est passé les dernier mois. Je parlerai en toute franchise des traîtrises, des intrusions, de l’ignominie, des fausses promesses et de ceux qui se sont jetés dans le giron du sionisme et du colonialisme », a-t-il assuré. Mais c’est aussi un homme à ne pas méprendre. « Si je suis désintéressé par ce bas-monde, je ne serai pas désintéressé de l’État tunisien ou des droits des misérables et des pauvres», a souligné Saïed qui a cité un vers du poète Mahmoud Darwich, qui en dit long sur le combat qu’il mènera dans les prochains jours : « Soit une vie qui plaise à un ami, soit une mort qui exacerbe l’ennemi ». A ce vaillant cri de guerre, Saïed se jette sans peur au-devant de ses ennemis qui agitent et diffament, avec courage et probité. Le message est on ne peut plus clair. Car si du côté du Bardo, on s’est mis en ordre de bataille, à Carthage, le glaive est tiré. Le nouveau gouvernement sera-t-il pris en tenailles entre les deux pouvoirs ? Mechichi n’est pas bien loti.